Le Groupe de Travail sur la Performance en post-croissance est un groupe de recherche attaché à l’association francophone de comptabilité (AFC) : https://www.afc-cca.com/pages/performance-post-croissance

Si le constat de l’urgence climatique et de la perte de biodiversité fait l’objet d’un quasi-consensus parmi les chercheurs en sciences de gestion, les moyens d’y faire face diffèrent. Pour certains, la perspective d’une croissance qui serait durable est possible et souhaitable. Dans ce cas, ce qui s’impose est un ajustement de pratiques managériales et organisationnelles pour ajouter l’aspect environnemental aux dimensions existantes de la performance. Pour d’autres, c’est la prédominance de l’objectif de croissance qui est à la racine des dysfonctionnements planétaires provoqués par les humains. Ici, la notion de durabilité s’associe difficilement à celle de croissance, il faut penser la décroissance, ou la post-croissance. Les tenants des courants de la décroissance et de la post-croissance rejettent ainsi la croissance pour la croissance (Latouche, 2022) et la poursuite effrénée d’une croissance éternelle (Jackson, 2024). Ils souhaitent sortir du paradigme actuel de croissance au cœur du système capitaliste. Ce paradigme fait la part belle dans les organisations à une recherche de croissance quantitative maximale alors même que de plus en plus d’auteurs (Maclouf, 2020) pointent la nécessité d’une croissance raisonnée voire d’une décroissance (Lux et al., 2023). Aussi, il s’agit de penser une « croissance » qualitative et non plus exclusivement quantitative, partant du principe qu’on ne peut uniquement mesurer le plus, il faut également mesurer le mieux (Gemenne, 2022). Aussi, au-delà des effets néfastes sur l’environnement, c’est également pour faire face à l’accroissement des inégalités (nord/sud mais également au sein des pays occidentaux) et à la diminution du bien-être que ces courants veulent proposer des alternatives au paradigme de la croissance (Jackson, 2019, 2024, Meda, 2022, Latouche, 2022). 

Le changement de paradigme que propose le courant de la post-croissance peut conduire à une bifurcation des pratiques pour repenser la finalité et les modalités d’action organisationnelle. En suivant cette logique, la centralité de la performance (financière) est plus incertaine. Or, la littérature en contrôle de gestion ne s’est pas encore saisie de cette question. Les développements actuels s’inscrivent essentiellement dans une démarche de croissance verte. En pratique, si des organisations commencent à s’inspirer de la pensée décroissante, ce mouvement reste marginal. La spécificité du Groupe de Travail est donc de construire, à travers une communauté de chercheurs, un agenda de recherche pour explorer les différentes facettes des transformations en contrôle de gestion, et plus particulièrement en matière de gestion et de mesure de la performance, dans un paradigme différent, qui pourrait être un paradigme du prendre soin (Méda, 2022). Le Groupe de Travail souhaite dépasser les frontières du contrôle de gestion et se dissocier des recherches actuelles qui s’inscrivent dans le courant de la croissance verte. Le principal objectif du présent Groupe de Travail est de construire une connaissance scientifique sur la façon dont les organisations pensent et mesurent leur performance dans une perspective alternative à la croissance infinie, qui peut être qualifiée de post-croissance. Il s’agit de penser et valoriser une performance des organisations tournée vers une sobriété, voire frugalité de l’activité (Abraham, 2019).